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Biographie
Biography
Biografía
Il est né en 1975 à Besançon et travaille actuellement en Vendée.
Stéphane Joannes a étudié à l’Ecole supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg (DNSEP Art). C’est depuis 1997 que Stéphane Joannes se consacre principalement à la réalisation de navires sur des grandes toiles ou en diptyques.
Les tankers selon Stéphane JOANNES
« Le monde de la mer me fascine, j’ai regardé religieusement Thalassa pendant mes trente-cinq premières années d’existence. J’y ai puisé en partie mon amour du beau, mais aussi ce rendez-vous a également contribué à faire le citoyen éclairé que j’essaie chaque jour d’être un peu davantage. Thalassa montrait la mer, la nature, les gens, l’impérieux besoin aussi de respecter le monde du vivant et notre environnement, et l’urgence grandissante de questionner notre mode de vie. Thalassa montrait aussi la mer, bien sûr, et les bateaux, tous les bateaux, j’adorais ça.
Dans les bateaux qu’on pouvait voir il y avait aussi des monstres, et c’est ces bateaux là que j’ai choisi de peindre. J’avais d’abord peint un chalutier et un voilier qui bien qu’ayant eu un succès immédiat, m’avaient laissé sur ma faim. Il n’y en a pas eu d’autres. Trop lisses, trop propres ou trop romantiques, une facilité d’une certaine manière, qui me déplaisait. Je ne voulais pas peindre des « jolis » bateaux. D’où l’idée de navires gigantesques et sales, industriels, qui eux se prêtaient parfaitement au travail de la matière, sur des formats importants. Tout ce que j’aimais.
(Je me destinais au design, et j’ai décidé de faire de la peinture en découvrant les tableaux d’Antoni Tapiès. La matière est pour moi une chose importante en peinture). Aussitôt que l‘idée des pétroliers m’en est venue je me suis mis à les peindre, frénétiquement, et j’ai adoré ça. Pas du tout pour le pétrole, mais parce que je trouve les pétroliers tellement plus beaux que les portes conteneurs ou les paquebots ! Je leur trouve une élégance particulière.
J’en ai donc peint beaucoup, et en fait trop pour que ça ne soit qu’une question picturale.
La vraie raison qui fait que je peins toujours ces bateaux-là vingt ans après, il m’a fallu un peu de temps pour la comprendre.
Il ne s’agit pas pour moi de faire l’apologie du pétrole ou d’un mode de vie (ou d’un de ses symboles) qui appartiennent heureusement en grande partie au passé. Et même si je trouve que ce sont de très beaux objets, ces pétroliers symbolisent en effet à peu près tout ce qu’il est permis de détester.
Mais, tout puissants, arrogants et monstrueux qu’ils sont, arrive un moment où ils basculent eux aussi dans la fragilité et la vulnérabilité. C’est je crois ce paradoxe, le moment où les choses basculent, qui me touche. Parce qu’au fond cela me renvoie à des questionnements plus intimes et plus profonds, disons plus métaphysiques. Les pétroliers que je peins sont usés, fatigués. J’ai compris que je peignais là des vanités, bien plus que des marines.
Les sujets qui chez moi deviennent récurrents sont des sujets qui me touchent de près, qui sont aux croisements de préoccupations et d’intérêts assez disparates mais qui à un moment convergent. Une sorte de mayonnaise qui fait qu’un sujet s’impose et s’installe. Pour autant je n’oublie jamais que le sujet n’est qu’un prétexte, qu’il s’agit de peinture, c’est à dire de matière sur un support, et que l’enjeu principal devient vite de faire une bonne peinture. C’est surtout à cela que je travaille, mais je suis heureux d’avoir pu vous en livrer un peu plus, et qui sait, d’avoir peut-être un peu changé votre regard sur ces… peintures. »
Stéphane Joannes