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Biographie
Biography
Biografía
L’éloge du vandalisme
Onemizer est né en 1987 dans le Sud de la France. Vit et travaille en région parisienne.
Onemizer est comme un DJ qui aurait échangé ses platines contre de la toile et des palettes. Il soulève l’enthousiasme avec ses remixes d’images de légende, une sorte de ̏Greatest Hit ̋ du street art dont on adore entendre encore et encore les lignes de basse les plus dansantes ou un riff particulièrement exaltant.
L’histoire commence dans la marge avec des flops en lisière des voies SNCF des fins de ligne hors zone de la carte orange. Et puis, il y a la découverte de la toile. Un book qui circule jusqu’à la capitale lui vaut un coup de fil d’une galerie parisienne et le voila bombardé petit prince du street art. ̏Ce que j’aime c’est travailler en transe, explique-t-il. Ce qui me plaît vraiment c’est de passer huit heures sur une toile, de faire, de refaire, de réussir l’effet parfait. Et en même temps, j’aime bien quand il y a un défaut, quand le spectateur peut voir l’énergie, la spontanéité. ̋
Comment atteindre la transe ? Pas de substance ou de musique : ̏ Je mets la télé. J’écoute les voix, je ne sais pas ce qui passe, mais j’ai besoin de cette présence. Cela date de l’époque où mon appartement était comme la maison des jeunes, n’importe lequel de mes potes débarquait, ils jouaient, discutaient, fumaient et moi je restais à peindre à côté. ̋
Pour expliquer sa technique actuelle, Onemizer développe une vision claire : un personnage ou un symbole qu’il figure en mode réaliste et ensuite une accumulation de tags, de flops, de coups de fat caps, comme si toute la banlieue avait débarqué pour donner son avis sur sa pièce initiale. Il appelle ça ̏le mur d’expression libre ̋, ̏l’éloge du vandalisme. ̋
Onemizer s’amuse avec les signes et les icones de la Pop Culture. Le succès est au rendez-vous. ̏Quand je croise mes potes de la banlieue, je n’ose même pas leur dire combien se vend une de mes toiles. ̋
Pourtant il refuse de prendre le train de la facilité : ̏Il y a un temps d’adaptation, quand tu commences à vendre tu te sens vachement bien. Mais quand il y a un creux tu rentres dans une phase de dépression. Je suis assez angoissé. ̋ C’est le paradoxe Onemizer. Il se sent de plus en plus sûr de sa technique et s’interroge alors sur la direction qu’il devrait prendre pour réaliser au mieux ce talent qu’il maîtrise désormais. ̏J’étais l’outsider mais maintenant j’ai cette petite notoriété qui devrait me permettre de me renouveler. J’aimerais aller vers l’abstrait ou diffuser un message politique plus mordant. ̋ Banksy reste sa référence absolue. Mais il n’est pas non plus aveuglé par la béatification du saint patron du street art. ̏Au fond, Mr Brainwash, j’aime aussi : de l’art pour rien, de l’art pour le business mais j’aime bien. ̋ Contradiction ? Non, sincérité.
Alors avec l’âge et désormais une famille, le vandale réfléchit à la manière de se construire une carrière d’artiste crédible entre les chausse-trappes de la répétition et les illusions de la reconnaissance par les arbitres du bon goût.
Il a renoncé au tag mais confesse avoir souvent l’envie de sortir après 2 heures du matin pour aller commettre un chrome dans la pénombre aux limites de la cité. ̏Je ne le fait plus parce que je n’ai pas envie que ma femme et mon gosse viennent me récupérer au poste. ̋ Mais il confesse immédiatement avec gourmandise : ̏Par contre, oui, en vacances, quand je suis à l’étranger, là, pas de problème, je sors et je continue à graffer. ̋
Pour le show collectif ̏Rock ̋ , Onemizer expérimente une nouvelle approche avec des toiles en noire et blanc. ̏J’ai envie d’exploser jusqu’à ce que l’on me rappelle à l’ordre. ̋ A l’ordre ? Pas d’inquiétude. Ce vandale est libre et il n’est pas près de se laisser enfermer.